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Overbay andy
Extension Agent / Virginia Cooperative Extension
Andy Overbay holds a Ph.D. in ag education and has 40-plus years of dairy and farming experience.

Le temps. Nous disons que nous n’en avons jamais assez, mais en réalité, c’est la seule chose au monde qui est vraiment équitable! Peu importe si vous êtes extrêmement riche ou si vous vivez dans la pauvreté, peu importe dans quel pays vous habitez ou ce que vous faites dans la vie, chacun d’entre nous bénéficie des 24 heures de chaque journée – ou les subisse – et ce, sept jours sur sept. Si le temps est la seule chose que nous mesurons tous de la même façon, nous reconnaissons en outre la véracité de l’expression : « le temps, c’est de l’argent ».

Certaines des grandes leçons de la vie sont des enseignements tirés du temps. Souvent, en cherchant des moyens d’améliorer notre efficacité, nous nous rendons compte que notre temps est simplement détourné vers d’autres tâches. Quand j’étais adolescent, notre petite ferme laitière allait bien. Nous achetions de l’équipement et améliorions nos méthodes d’élevage aussi rapidement que nos liquidités nous le permettaient. Nous étions dans ce que le Dr William Etgen, professeur de sciences laitières à Virginia Tech, appelait « l’âge d’or de l’industrie laitière ». Bref, les choses allaient bien!

Un secteur de nos activités n’a toutefois pas connu d’amélioration : notre système d’alimentation. Notre source d’alimentation durant l’essentiel de l’année était un silo équipé – fort heureusement – d’un débouleur pendant la majeure partie de sa durée de vie, mais à partir de là, la distribution du mélange d’ensilage et de céréales aux vaches s’effectuait manuellement.

L’ensilage descendait par la goulotte du silo jusque dans la salle d’alimentation, où nous mélangions le grain avec une pelle et une fourche à ensilage avant de le charger dans une brouette et de le déverser dans les mangeoires. Il y a une chose sur laquelle vous pouviez assurément compter : chaque matin à 6 heures, vous alliez sentir l’ensilage et suer un bon coup!

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Inutile de dire que l’une des choses que j’attendais avec impatience était le jour où nous pourrions automatiser l’alimentation. Avec le recul, je pense qu’en partie, l’idée de mon père était de ne pas investir dans un système automatisé tant qu’il ne saurait pas avec certitude comment et grâce à quel métier nous allions nous-mêmes parvenir à nous nourrir plus tard.

Au moment où j’ai obtenu mon diplôme universitaire et que je suis retourné à la ferme, nous prévoyions d’agrandir en aménageant une nouvelle salle d’alimentation et d’abandonner progressivement la vieille façon de faire dans l’étable à stabulation libre. Qu’à cela ne tienne, pendant que ce projet était en cours, j’ai continué la corvée deux fois par jour de mélanger et de distribuer manuellement la ration totale mélangée (RTM) aux vaches.

Le jour où nous nous sommes convertis à l’utilisation d’un mélangeur a été un jour mémorable, comme vous pouvez l’imaginer. La vieille brouette allait dès lors être reléguée à d’autres tâches : nous étions enfin entrés dans l’ère du bouton-poussoir. Chaque jour, nous allions à coup sûr bénéficier de moments de grande détente et de réflexion maintenant que nous étions libérés de cette heure auparavant consacrée à la fourche et à la pelle!

Ce que j’ai vite appris, c’est que le temps que j’ai gagné en étant soulagé de cette tâche a été englouti par d’autres tâches, la plus importante d’entre elles étant sans doute l’entretien de tous les nouveaux équipements que nous avions installés. Vous voyez, même si nous avons possiblement remplacé la brouette une fois au début de notre carrière dans le monde laitier et que nous avons sans doute dû en réparer ou gonfler le pneu à quelques reprises, je n’ai jamais eu besoin de graisser ma pelle ou ma fourche d’ensilage.

Au moment où les silos Harvestore sont arrivés sur le marché à la fin des années 1980 et au début des années 1990, la seule chose que j’avais remplacée et améliorée auparavant était mon pistolet graisseur. (Permettez-moi aussi de mentionner que nous nous entendions bien avec nos grands silos bleus. Je sais qu’on accuse ces silos d’avoir provoqué la disparition de nombreuses fermes, mais avant de conclure cette acquisition, nous avons investi beaucoup de temps – sans doute du temps libéré de la fourche d’ensilage – pour étudier comment les fermes laitières qui réussissaient avec leur stockage hermétique en géraient les avantages et les inconvénients.)

Ayant consacré du temps à travailler avec les équipes de montage des silos, j’en connaissais tous les aspects, en particulier au sujet des débouleurs. J’effectuais dans le détail l’entretien et les réparations sur ces débouleurs, avec rapidité et sans que cela ne perturbe trop le déroulement de ma journée de travail.

Toutefois, avec le recul, la pire erreur de jugement que j’ai commise a été de penser que je gagnais du temps à automatiser les systèmes d’alimentation que nous utilisions; au fond, je ne faisais que remodeler la façon dont ma journée se déroulait. Au lieu de presser la luzerne en balles carrées, nous la hachions. Plutôt que d’être couvert de sueur en forçant à la main pour préparer l’ensilage, j’étais couvert de graisse et de vieille huile à force de me battre avec le pistolet pour trouver l’embout de graissage dans le fond de la boîte de vitesses du mélangeur.

Même si j’hésite à conseiller les gens sur la façon de gérer leur temps, je reconnais néanmoins que je deviens rapidement un doyen dans le rôle de porte-parole agricole. Au fil du temps, nos expériences se transforment en sagesse pour nos successeurs; je conclurai donc ici avec quelques brins de sagesse.

L’automatisation est tributaire de votre capacité à vous en passer lorsqu’elle fait défaut – et elle fera défaut un jour ou l’autre! Cela ne veut pas dire que vous devez être découragé d’avoir recours aux nouvelles technologies; cela signifie seulement que vous devez prendre soin de vous préparer à des situations hypothétiques pouvant survenir. Si jamais je ne peux pas obtenir de pièces durant la fin de semaine? Si jamais une panne de courant se produit? Si jamais ma vis à grains requiert d’importantes réparations?

Mon autre conseil, universel celui-là, est que nous sommes tous soumis à la réalité immuable de « la règle de 32 ». Le nombre 32 représente la somme de trois faits importants : il n’y a que 24 heures dans une journée, il n’y a que sept jours dans une semaine et il n’y a qu’un seul vous-même. La façon dont vous gérez ces trois chiffres dépend entièrement de vous et aucune somme d’argent ne peut vous permettre d’obtenir un 33 – ou ne serait-ce qu’un 32,001. Soyez prudent et employez judicieusement votre temps!