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Derksen bruce
Freelance Writer
Bruce Derksen is a freelance writer based in Lacombe, Alberta.

La plupart des producteurs laitiers travaillent selon une routine stricte avec laquelle ils se sentent confortables. Ce confort va bien au-delà des tâches quotidiennes de la salle de traite et affecte les programmes d’élevage, impactant probablement certaines variations de la détection des chaleurs, de la synchronisation des chaleurs, de l’insémination artificielle (IA) et potentiellement de la fécondation in vitro (FIV) suivie du transfert d’embryon (TE).

« La FIV aide à accélérer le gain en qualité d’une génération à l’autre et à rétrécir l’écart à ce niveau, affirme Bruno Sanches, vice-président à l’exploitation de Vytelle. Maintenant, si une ferme laitière ne présente qu’une différence de 10 kilogrammes de lait entre sa meilleure vache et sa moins productive, elle n’aura pas nécessairement besoin de la FIV. Mais, la grande majorité des fermes voient leur pire vache se classer loin derrière leur meilleure – et pas seulement pour la production. Pour combler cet écart, les opérations peuvent sélectionner des donneuses d’ovocytes pour la FIV non pas uniquement sur la base de la production, mais également en fonction d’autres caractères susceptibles d’ajouter de la valeur commerciale ou financière.

Sanches explique que la préparation des receveuses pour un TE est simple et s’intègre tout à fait dans les routines confortables qui sont déjà établies. L’utilisation de receveuses pour la FIV suit presque le même processus que de nombreuses fermes laitières appliquent déjà avec le prélèvement conventionnel des embryons et l’IA. En ce qui concerne l’élevage bovin en particulier, au lieu de l’identification des chaleurs et de l’insémination subséquente, l’éleveur attend simplement sept jours après l’identification des chaleurs avant de procéder à un transfert embryonnaire. Les besoins en main-d’œuvre et les ressources nécessaires sont les mêmes, y compris les détections de chaleur et l’élaboration de plans de nutrition, de santé et de vaccination.

Il souligne que le facteur clé pour les receveuses est toujours une base nutritionnelle solide, une vaccination adéquate et complète ainsi qu’une stratégie de santé à long terme, des aspects pour lesquels vétérinaires et nutritionnistes sont parfaitement outillés pour conseiller les producteurs.

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En outre, Sanches affirme que les producteurs ont la possibilité de choisir entre des embryons frais ou congelés le jour du transfert. « Bien que nos résultats soient légèrement meilleurs avec des embryons frais, il demeure néanmoins que les embryons congelés aussi représentent un choix intéressant. Le congelé favorise la flexibilité logistique et ne perturbe pas les procédés déjà en place à la ferme. »

Les possibilités pour les donneuses

Selon le service obtenu par l’intermédiaire de votre laboratoire de FIV, la récolte embryonnaire peut être effectuée sur des génisses aussi jeunes que six mois, des donneuses gestantes dont la gestation ne dépasse pas 100 jours et des candidates fraîches dès 15 jours après le vêlage.

Sanches souligne que l’utilisation d’embryons frais tout comme la création d’une banque congelée qui répond aux objectifs du programme de sélection continue d’une ferme recèlent un fort potentiel. « Réduisez l’écart générationnel plus rapidement en procédant à des ponctions toute au long de l’année pour remplir votre réserve, recommande-t-il. Puis, soit vous maintenez les embryons à l’état frais pour les transferts qui seront effectués jusqu’à une semaine après la collecte, soit vous les conservez dans un biostat en vue d’une utilisation ultérieure. C’est une option tellement flexible! »

Conseils à propos des donneuses

  • •Travaillez tôt sur l’élaboration ou le maintien des besoins nutritionnels des donneuses, au moins 60 à 90 jours avant la collecte des ovocytes. Une bonne alimentation produit de bons ovocytes. Si cet aspect est négligé et que la condition de chair de l’animal est ignorée avant la collecte, il faudra du temps pour rectifier le tir et la qualité ses ovocytes en souffrira.

  • En fonction des besoins et du nombre de donneuses disponibles, planifiez la ponction d’ovocytes sur une base hebdomadaire ou bihebdomadaire afin de minimiser la logistique relative aux donneuses.

  • Pour les petites fermes, n’ayez pas peur de vous associer à vos voisins pour une collecte centralisée des ovocytes à la ferme afin de réduire les frais de déplacement et de technicien ainsi que les frais généraux.

La préparation des receveuses

Bien que d’excellentes donneuses soient un élément clé de l’équation pour un TE fructueux, la sélection et la préparation de receveuses de haut calibre sont tout aussi essentielles. « En fin de compte, l’arrivée d’un veau dans votre étable est la partie la plus importante de tout programme, fait valoir le vice-président à l’exploitation de Vytelle. Pour aider à améliorer les chances que cela se produise, il est essentiel de pouvoir compter sur des receveuses à la fois exceptionnelles et bien préparées. »

Tout comme les donneuses ont besoin d’une bonne régie de leur alimentation et de leur santé, les receveuses doivent également être adéquatement préparées. Leur condition de chair doit être évaluée au vêlage afin de bien mesurer les tendances de leur ration pendant la lactation. Des cotes de chair trop basses indiquent un bilan énergétique négatif, ce qui peut avoir un impact négatif sur les taux de gestation d’embryons. Les receveuses de votre troupeau doivent pouvoir compter sur un plan de nutrition balancé, y compris une supplémentation complète en vitamines et en minéraux. Cela aidera à réduire les cycles œstraux irréguliers et à augmenter l’intervalle jusqu’au premier œstrus.

Les vaches ou les génisses qui sont de bonnes candidates pour être receveuses sont celles qui sont confortablement installées et hébergées depuis longtemps dans leur ferme d’origine, plus au moins 45 à 60 jours après le vêlage pour permettre l’engagement utérin complet et la poursuite de cycles œstraux normaux avant la synchronisation. Celles-ci doivent avoir reçu les vaccins prévus avant la reproduction de 30 à 45 jours avant le TE afin d’être en mesure de gérer les maladies de la reproduction et leurs effets tout en bénéficiant d’une alimentation stable et d’une ration équilibrée.

« La synchronisation pour des embryons obtenus par la FIV ne change en rien le processus pour une receveuse. Il est toujours essentiel qu’une receveuse soit à la fois de haute qualité et bien préparée, indique Sanches. J’encourage les producteurs à travailler sur cet aspect avec leur vétérinaire, car celui-ci comprend les réalités de leur ferme, le climat, l’environnement physique et les problèmes de santé particuliers auxquels leurs reproductrices sont confrontées. »

Conseils à propos des receveuses

  • Tout comme les donneuses, les receveuses doivent être en excellente condition physique pour recevoir un embryon et mener à bien une gestation. Placer un embryon de grande valeur dans une taure ou une vache présentant des carences nutritionnelles augmente considérablement les chances d’un transfert d’embryon infructueux.

  • Associez la génétique de l’embryon à des receveuses de haute qualité afin de favoriser le succès du vêlage et la naissance d’un veau rentable. La receveuse idéale est une vache ou une taure en première lactation, donc la sélection des meilleures candidates pour assurer la croissance d’embryons de grande valeur générera les meilleurs résultats.

  • N’oubliez pas l’alimentation de la receveuse une fois la gestation confirmée. À mesure que la croissance fœtale augmente, la capacité du rumen diminue. Des rations plus riches en nutriments peuvent s’avérer nécessaires pour le maintien ou l’amélioration de la condition de chair. Si nécessaire, en fin de gestation, soyez prêt à ajouter du fourrage de qualité comme supplément afin de vous assurer que la consommation volontaire de matière sèche (CVMS) ne diminue pas.

Une extension de votre protocole de reproduction

Comme l’explique Sanches, il existe de nombreuses façons de manipuler la routine de reproduction et de préparer les animaux à la gestation, que celle-ci soit obtenue de façon naturelle, par IA ou par TE. La synchronisation de l’œstrus est couramment utilisée pour le TE et, pour que cette stratégie en particulier fonctionne, les receveuses doivent être en chaleur de sept à huit jours avant le transfert.

« Nous comprenons qu’il a fallu 20 ans à nos fermes laitières pour arriver là où elles sont avec leurs routines de reproduction et leurs protocoles d’insémination artificielle, souligne-t-il. La dernière chose que nous voulons faire, c’est gâcher quoi que ce soit. Mais, nous savons que ce qui se fait maintenant pour l’IA fonctionne parfaitement aussi pour la FIV. Seul le calendrier est légèrement différent.

Lorsque les fermes laitières sont satisfaites de leur programme d’IA, de leur détection naturelle des chaleurs ou de leurs pratiques de synchronisation, elles doivent continuer à travailler avec les mêmes protocoles lors du transfert d’embryons suivant la FIV.

« Tous les moyens que ces fermes utilisent à l’heure actuelle pourront encore l’être lors du démarrage d’un programme de FIV. Continuez à utiliser les processus de détection naturelle des chaleurs si un bon nombre de vaches sont en chaleur quotidiennement, recommande Sanches. Rien ne doit être fait différemment de ce côté-là. La FIV est une méthode facile à mettre en œuvre avec tout ce qui est déjà fait. Elle requiert le même travail, le même temps et les mêmes soins que pour l’IA.

Vérifier les gestations

Bien que cela ne soit rien de nouveau pour les producteurs laitiers, Sanches souligne qu’il est essentiel pour eux de travailler avec leur vétérinaire pour effectuer un test des gestations. « Il est important de confirmer une gestation et de repérer une date de vêlage car la différence dans le calendrier sera de 15 à 25 jours. Avec n’importe quel programme d’élevage, si aucun test n’est effectué, les veaux pourraient facilement être en retard, ce qui causerait alors un stress de vêlage.

Travailler avec un vétérinaire

Pour mettre en place des stratégies de FIV, très peu de changements sont nécessaires pour la plupart des producteurs. La sélection de donneuses d’élite à l’aide de critères personnalisés explique déjà en grande partie le succès des meilleures fermes laitières.

La collecte d’ovocytes de qualité est une opération simple même sans préparation des donneuses. Cela réduit à la fois les contraintes de main-d’œuvre et le stress des animaux.

Pour la prochaine étape, avec ou sans synchronisation, Sanches encourage un partenariat avec un vétérinaire de confiance. Il conclut : « Quand vient le temps de passer de la théorie à la pratique, ayez recours aux services de votre vétérinaire de confiance. Après tout, la plupart du temps, les vétérinaires sont déjà responsables de l’IA, des protocoles de vaccination, des stratégies en matière de santé, des procédures de synchronisation et des transferts d’embryons. »