Une note sur la concentration sanguine des AGNE : cette donnée est utilisée pour évaluer l’intensité à laquelle la vache mobilise les lipides. Les AGNE sont produits quand une vache utilise ses réserves de lipides (sous forme de graisses) pour les transformer en énergie. Par conséquent, quand la concentration sanguine des AGNE est basse, on prédit que la vache mobilise peu de graisses, ce qui est favorable pour ses performances de reproduction et sa santé. À noter qu’il est normal de détecter un certain niveau de AGNE, particulièrement chez les très hautes productrices.

Larochelle florence
Conseiller en alimentation laitière

Veuillez considérer les résultats de ces études avec parcimonie, puisqu’il faut noter que le foin de graminées avait une concentration en potassium de 3,1 % alors que la paille testait 1,6 %. La concentration totale de potassium était à 1,9 % pour la ration à base de foin de graminées, alors qu’elle était à 1,4 % pour la ration à base de paille. L’équipe de recherche n’a pas évaluée les problèmes métaboliques. Toutefois, des concentrations plus élevées de potassium dans une ration présente en effet de plus hauts risques de problèmes métaboliques post-vêlage tels que l’hypocalcémie (fièvre de lait). Les études comparant la paille et le foin sec dans les rations des vaches en pré-vêlages sont limitées. Ainsi, nous ne pouvons pas donner une conclusion concrète. Par contre, nous suggérons que la base du succès d’un programme nutritionnel repose sur la qualité des fourrages et le balancement adéquat de l’ensemble des facteurs nutritionnels, soit la fibre, l’énergie, la protéine, les minéraux et les vitamines.

Si nous pouvions choisir avec quel type de foin sec nous voulions travailler pour nos rations pré-vêlages, nous préfèrerions utiliser un foin sec de graminées plutôt qu’un foin sec de luzerne. Typiquement, les graminées contiennent de plus bas niveaux de potassium, faisant de ce foin sec un choix plus judicieux pour obtenir une ration adéquatement balancée. Certaines graminées à tige mince comme le dactyle et le mil/fléole des prés, contribuent à un temps de rétention au rumen plus élevé, ce qui peut être bénéfique lors des périodes de stress, tel que le vêlage, durant laquelle la consommation volontaire de matière sèche est limitée.

En considérant que le potassium et l’énergie contenue dans la plante diminue lorsque la plante mature, le foin de graminées mature représente une source privilégiée de fourrage comparativement à son équivalent immature. Ce foin a également tendance à sécher plus rapidement, facilitant le processus de récolte pour les producteurs. Aussi, un foin de graminées de première coupe peut être très homogène. Il contient également une grande proportion de tiges, ce qui fournit au rumen l’effet désiré de fibre efficace. Toutefois, il est à noter que les vieilles prairies (quatre ans et plus) auront des populations plus variables, ce qui est moins désirable.

Dans les rations de vaches en lait, nous présentons souvent la paille de blé comme des « calories vides » : ça remplis, mais ça ne supporte pas grand-chose! Le nutriment principal amené par la paille dans la ration est la fibre efficace. Pour éviter une baisse du rendement de lait, nous sommes dans l’obligation de compenser en ajoutant plus d’énergie et de protéine dans ce qui reste de la ration. L’objectif est d’atteindre la même densité de ration pour une consommation de matière sèche équivalente. Cela peut avoir comme effet d’augmenter légèrement la quantité de concentrés de la ration pour rencontrer les besoins nutritionnels de la vache.

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De l’autre côté, le foin amène de la fibre efficace, ainsi qu’une quantité notable de protéines et de sucres. Sa fibre est typiquement plus digestible que la fibre de la paille de blé, augmentant ainsi l’énergie disponible pour la vache. Dépendamment des prix et de la disponibilité de votre paille, foin et concentrés, il serait probablement avantageux de prioriser une source de fibre efficace par rapport à l’autre. À la fin de la journée, répondre aux besoins de vos animaux et évaluer l’effet sur votre marge devraient être des facteurs considérés lorsque vous déciderez quelle source de fourrage est le meilleur choix pour vos programmes alimentaires.

Du champ à la mangeoire

Nous sommes malheureusement à la merci des défis amenés par Mère Nature. Produire un foin de qualité dépend grandement d’une saison qui sera favorable et des fenêtres de beaux temps qui seront disponibles pour mener nos travaux, de la coupe au pressage.

Afin de préserver la qualité nutritive des fourrages, il est impératif de faire un suivi du niveau d’humidité. Vous pourriez être aux prises avec une fenêtre de beau temps plus courte que prévue et dans l’obligation de presser dans des conditions suboptimales, avec un taux d’humidité supérieur à 14 %. Cela augmenterait les risques de moisissures, de cendres, de mauvaises odeurs, et bien entendu, entraînerait une perte de matière sèche et de nutriments liés à la surchauffe. Dans ces conditions, nous nous attendons à une perte d’énergie; les carbohydrates non-fibreux (sucres) diminuent et le niveau de fibre augmente. De plus, nous observons une diminution de la digestibilité de la protéine due à la réaction de Maillard. Cette dernière peut être évaluée pas une analyse de laboratoire standard – la fibre détergente acide protéine brute (ADF-N [% PB]) –qui indique la quantité de protéine endommagée due à la chaleur; une valeur supérieure à 10 % suggère un foin endommagé.

Au moment du pressage, même si le niveau d’humidité est sous-optimal, il est fortement recommandé d’appliquer un inoculant. Souvent, on appliquera de l’acide propionique. Son rôle est d’inhiber le développement des microorganismes aérobique tels que les levures et moisissures. Il est également recommandé d’ajuster la quantité d’acide propionique au taux d’humidité des balles. L’acide propionique sera inefficace à un taux d’humidité au-delà de 30 %, et gardez en tête que des balles larges et denses sont plus difficiles à sécher que des petites balles. Bien entendu, un coût est associé à l’application d’acide propionique. Toutefois, la matière sèche gaspillée et des aliments de piètre qualité ont également un coût.