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Hartschuh jason
Extension Educator / Ohio State University

Nous sommes l’après-midi, il est 15 heures et le foin est enfin assez sec pour être mis en balles. Au premier tour dans le champ, mon téléphone vibre dans ma poche au même moment que ma radio posée dans les porte-gobelets commence à se faire entendre – ça doit être une mauvaise nouvelle! Les nouvelles sont effectivement très mauvaises : la grange à foin d’un voisin dégage une légère odeur de fumée et la surveillance de la température a détecté un point chaud.

Deux semaines auparavant, il y avait eu une frénésie dans la région pour terminer le pressage des balles alors que le service météorologique national prévoyait cinq centimètres de pluie à partir de 17 heures. Depuis deux jours, l’humidité relative n’était jamais descendue en dessous de 80 %. C’est dans ces conditions météo que de nombreux producteurs de la région ont fait du foin à plus de 20 % d’humidité, des agents de conservation à base d’acides organiques ayant en outre été utilisés sur une grande partie de la récolte de foin. Il y avait des zones où l’humidité demeurait trop élevée ainsi que d’autres où l’acide n’était pas appliqué uniformément.

Heureusement, ce producteur avait recours à un système de surveillance du foin dans sa grange, ce qui a permis que l’incident n’entraîne pas la perte ni de la grange ni de tout ce qui y était entreposé.

Dès que du foin dont l’humidité dépasse 18 % est entreposé, la surveillance de la température des balles est une bonne idée. Cela dit, tout le foin à plus de 15 % d’humidité passe par une période de chauffage et de fanage, atteignant généralement un pic de température entre 50 °C et 55 °C dans les trois à sept jours suivant la mise en balles avec un risque minimal de combustion ou de perte de qualité du fourrage. Une fois la température maximale atteinte, le foin revient généralement à une température normale au cours des 15 à 60 jours suivants.

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L’évaluation de votre risque

Si le foin a été pressé à une humidité de 15 % à 20 % et que des agents de conservation acides ont été utilisés, un feu de foin demeure possible, mais la probabilité est bien moindre que lorsque celui-ci n’est pas traité.

La plupart des produits à base d’acide propionique, s’ils sont appliqués aux bonnes doses, sont efficaces pour inhiber la croissance des bactéries dans le foin jusqu’à un taux de 25 % d’humidité et présentent une efficacité variable entre 25 % et 30 % d’humidité. Certains produits contiennent des agents de conservation contenant de l’éthoxyquine ou du butylhydroxytoluène qui, à des températures au-delà de 115 °C, produisent du cyanure d’hydrogène, un gaz mortel. Les produits qui contiennent principalement de l’acide propionique ne présentent pas ce risque.

À plus de 20 % d’humidité, les bactéries mésophiles libèrent de la chaleur, ce qui fait monter la température entre 55 °C et 60 °C, celle-ci restant élevée durant une période pouvant aller jusqu’à 40 jours. À mesure que les températures augmentent, les bactéries thermophiles peuvent se développer dans votre foin et faire monter les températures à plus de 80 °C, un seuil au-dessus duquel les risques d’incendie sont particulièrement élevés.

Lors de l’empilage de foin très humide dans les granges, une meilleure ventilation et une meilleure circulation de l’air autour des balles diminuent le risque d’incendie. Cela permet un refroidissement naturel pour aider à maintenir les températures plus basses; toutefois, dans le foin très humide, l’oxygène disponible augmente, ce qui a pour conséquence d’alimenter le feu. À l’occasion, les balles laissées à l’extérieur ou leur entreposage dans une grange ayant un toit qui coule peuvent rendre le foin humide, ce qui favorise la croissance de bactéries thermophiles et augmente le potentiel d’incendie.

La surveillance du foin

Il existe plusieurs options pour surveiller la température du foin. L’une d’entre elles est la haute technologie, telle que les câbles qui peuvent être utilisés pour surveiller la température du grain entreposé. Quelques entreprises produisent des câbles qui sont placés entre les balles dans un tas de foin ou des sondes de surveillance placées dans les balles qui utilisent la radiofréquence pour transmettre un signal.

Si vous pensez être à risque que votre foin surchauffe, il est essentiel d’en surveiller la température. Cette surveillance doit être effectuée quotidiennement jusqu’à ce que les températures se stabilisent dans la zone de sécurité ou deux fois par jour lorsqu’elles atteignent 65 °C. Cela peut être fait au moyen de la technologie ou en utilisant des sondes de température manuelles. Lorsque vous surveillez la température du foin, soyez très prudent; le foin chaud peut brûler à l’intérieur du tas et créer des cavités dans lesquelles vous pouvez tomber.

Utilisez des planches pour répartir votre poids lorsque vous marchez sur le tas de foin et fixez un système de harnais au plafond au cas où vous tomberiez dans une cavité incendiée. Aussi, travaillez en équipes de deux avec quelqu’un qui demeure au sol et à portée de voix pour être en mesure de vous aider si vous vous retrouvez en mauvaise posture. La surveillance de la température doit se poursuivre jusqu’à ce que les valeurs se stabilisent dans la zone sécuritaire, soit possiblement pendant six semaines.

La surveillance de la température dépend de la taille du tas de foin mais doit être effectuée près de son centre. Dans les tas plus imposants, elle se fait idéalement à 2,5 mètres de profondeur. Pour ce faire, vous pouvez acheter un thermomètre à longue sonde ou encore construire le vôtre. Comme une sonde de cette longueur sera difficile à enfoncer dans l’amas de foin, de bonnes poignées vous seront utiles. Vous pouvez fabriquer votre propre sonde avec un bout de tuyau ou de conduit électrique de 3/8 de pouce (9,5 millimètres) à 3/4 de pouce (19 millimètres). La grosseur du tuyau nécessaire dépendra de la taille de la sonde du thermomètre que vous y mettrez. Un tuyau plus gros peut être utilisé avec un thermomètre attaché à une ficelle que vous descendrez dans le tuyau. Percez des trous de 3/16 de pouce (5 millimètres) dans les 4 pieds (1,2 millimètres) inférieurs du tuyau.

Puis, laissez le thermomètre dans le tas de foin pendant environ 10 minutes afin d’obtenir une lecture précise. Une autre méthode – celle-là moins précise – consiste à laisser un tuyau dans le tas toute la journée et, s’il est trop chaud au toucher lorsque vous le retirez, c’est que vous être à risque que votre foin prenne feu. Chaque fois que la température dépasse 80 °C, vous ne devez en aucun cas retirer le foin de la grange tant que le service d’incendie local n’est pas arrivé sur place, sans quoi vous courez le risque de déclencher un incendie qui deviendrait vite incontrôlable.

Une fois les pompiers présents et les boyaux d’incendie sous pression et prêts à être utilisés si le feu éclate, le foin peut être soigneusement retiré de la grange. Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter du temps sec pour une saison des foins sous le signe de la sécurité.