Le tractus gastro-intestinal est un tube qui s’étend de la bouche jusqu’à l’anus. Son rôle vital est de protéger le corps contre les dangers tels que les parasites, les toxines, les acides et les antigènes qui pourraient autrement causer des dommages en dehors du système gastro-intestinal. En présence du syndrome de l’intestin perméable, une réponse immunitaire est stimulée par un ou plusieurs de ces dangers qui pénètrent d’autres parties du corps.

Ohirko emma
Editor / Progressive Dairy

Pendant sa présentation au Rendez-vous laitier de cette année, organisé par l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC), Lance Baumgard – professeur de physiologie nutritionnelle et titulaire de la chaire Norman L. Jacobson à l’Université de l’État d’Iowa – a guidé les participants à travers les causes, les conséquences et les stratégies d’atténuation ciblées pour maintenir la fonction de barrière intestinale. De plus, il a offert des stratégies d’atténuation pour limiter le dommage au système gastro-intestinal et l’activation du système immunitaire afin d’assurer une période de transition réussie. Cet article et l’infographie qui l’accompagne détaillent quelques faits marquants de la présentation présentée par Baumgard. 

Activation immunitaire

Il existe plusieurs facteurs qui posent une menace à la barrière intestinale. Quelques facteurs souvent observés dans les vaches laitières sont le stress thermique, la réduction de la consommation alimentaire et une augmentation de l’inflammation, particulièrement pendant la période de transition. Souvent, une réduction de la production de lait, une performance médiocre en reproduction ou une maladie clinique ou subclinique accompagne chacun de ces facteurs. 

« Pendant la période de transition, chaque vache vit une certaine ampleur d’activation immunitaire », expliquait Baumgard. La source de cette activation immunitaire et la réponse inflammatoire que suit sont souvent attribuées à la glande mammaire et à l’utérus. Toutefois, Baumgard a argumenté que le système gastro-intestinal peut être une source d’activation immunitaire en prévêlage et durant la période suivant le vêlage. 

L’activation immunitaire pendant la période de transition joue un rôle clé dans divers phénotypes négatifs, incluant la consommation sous-optimale de matière sèche (MS), la cétose, l’hypocalcémie et un faible taux de reproduction. Bon nombre de ceux-ci ont des effets en cascade, qui deviennent plus visibles au fil du temps. Par exemple, la réduction de la consommation alimentaire provoque une hyperperméabilité intestinale et il a été démontré qu’elle pouvait réduire la production de lait de 22 % en six heures. 

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On a constaté que l’inflammation accrue précède la maladie clinique d’une semaine ou plus. Selon Baumgard, l’activation immunitaire donne un aperçu de la productivité à long terme d’un animal. « L’inflammation post-vêlage est incroyablement prédictive du succès futur », dit-il. 

Pour assurer une productivité et une rentabilité optimale, Baumgard a recommandé de suivre un horaire d’alimentation strict qui fournira aux vaches un accès constant à la nourriture. En prenant les mesures nécessaires pour réduire le risque des périodes de retrait d’alimentation, les producteurs peuvent éviter ce que Baumgard a décrit comme « un scénario à la ferme qui met en péril l’intégrité de l’intestin ». 

Le glucose et le calcium

Une vache dont le système immunitaire est activé utilisera environ un kilogramme de glucose toutes les 12 heures. Comme il s’agit d’un précurseur de lactose, le glucose est fortement lié à la production de lait et une hausse des besoins en glucose par le système immunitaire peut avoir un impact négatif sur la rentabilité. Ainsi, une compréhension desbesoins de glucose est un prérequis aux stratégies d’atténuation de l’activation immunitaire.  

Toutes les vaches en transition subissent (au moins en partie) l’activation immunitaire qui est responsable de l’hypocalcémie qui se produit durant 48 heures à la suite du vêlage. Chez les vaches laitières, il existe deux types d’hypocalcémie. Le premier type apparaît dans les vaches à forte production qui sont autrement en bonne santé, et il est considéré comme normal. Le deuxième type est associé à l’inflammation et souvent à l’infection. Dans ce scénario, la vache cherche à séquestrer des endotoxines pour les transformer en lipoprotéines pour les éliminer par une voie de détoxification non immunitaire. 

Stratégies d’atténuation

Pour atténuer le syndrome de l’intestin perméable chez les vaches laitières et ainsi prévenir l’activation immunitaire et ses conséquences, il existe plusieurs actions, directes et indirectes, qui peuvent être prises par les producteurs et les nutritionnistes pour cibler la santé du système gastro-intestinal pendant la période de transition. Une période de transition réussie devrait être dépourvue de lipopolysaccharides (LPS), d’un excès de synthèse de corps cétoniques et de stéatose hépatique. De plus, elle devrait prévenir la redirection de glucose vers le système immunitaire. « Si on enlève cette activation immunitaire, elle va manger, elle va produire du lait, et elle va être rentable », a conclu Baumgard.   

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