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L’industrie laitière au Canada occupe une place essentielle dans le paysage agricole. Cependant, avec les préoccupations croissantes concernant la durabilité environnementale, il est de plus en plus nécessaire d’innover dans ce secteur.

L’intégration d’usines de biogaz dans la production laitière canadienne s’est imposée comme une solution de transformation qui non seulement aborde les défis environnementaux, mais établit également une économie circulaire au sein du système agricole laitier.

L’économie circulaire représente une approche holistique de la durabilité où les ressources sont utilisées de manière efficace dans un système en boucle fermée. Cela implique d’optimiser chaque étape de l’exploitation laitière pour réduire au minimum les déchets, optimiser l’utilisation des ressources et favoriser un écosystème agricole laitier plus durable et autosuffisant.

Le dilemme laitier et l’impact environnemental

La préoccupation habituelle concernant les émissions de gaz à effet de serre dans l’industrie laitière est celle des émissions de méthane issues de la fermentation entérique de la production bovine. Toutefois, il existe un facteur crucial, souvent négligé : les émissions d’oxyde nitreux. Étonnamment, l’oxyde nitreux, émis en raison d’une gestion inadéquate du fumier, a un impact environnemental environ 300 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone.

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Ceci est significatif parce qu’une mauvaise gestion du fumier conduit non seulement à la libération de méthane, mais également à d’importantes émissions d’oxyde nitreux. Ces émissions représentent une perte de sources d’azote précieuses pour l’environnement. Par conséquent, cela limite le potentiel d’engrais du fumier épandu, affectant la qualité du sol et exacerbant la concentration de phosphore dans le fumier lui-même. Cet impact double accentue les défis environnementaux associés aux pratiques de manipulations sous-optimales du fumier dans l’industrie laitière.

L’économie circulaire en action

Les usines de biogaz jouent un rôle déterminant dans le paysage de l’agriculture laitière en convertissant les déchets organiques, notamment le fumier, en énergie renouvelable. Ces usines utilisent la digestion anaérobique, un processus naturel où les micro-organismes décomposent la matière organique en l’absence d’oxygène, pour produire du biogaz, principalement composé de méthane et de dioxyde de carbone.

L’intégration d’usines de biogaz dans l’agriculture laitière canadienne illustre les principes d’une économie circulaire. Traditionnellement, le fumier est une ressource très importante pour les producteurs laitiers. Toutefois, des quantités excessives créent un fardeau de gestion du fumier en raison des normes réglementaires sur les nutriments, entraînant des coûts élevés de transport (en raison de la plus grande quantité de fumier à transporter). Les installations de biogaz contribuent à apaiser ces inquiétudes, car, dès le départ, le fumier brut et les résidus agricoles deviennent un intrant précieux, contribuant à de multiples résultats bénéfiques pour l’écosystème agricole.

Les principes d’une économie circulaire reposent sur trois piliers :

  1. Éliminer les déchets et la pollution en valorisant les déchets et en évitant les émissions.
  2. Faire circuler les produits et les matériaux (à leur valeur maximale) dans un cycle en boucle fermée de matières premières, de digestat, de biogaz et de sources de revenus.
  3. Régénérer la nature en utilisant un engrais de digestat amélioré, en favorisant la santé du sol et en encourageant des pratiques durables.
  • Ce principe est soutenu par une transition vers des énergies et matériaux renouvelables qui sont bons pour les affaires, les personnes et lenvironnement.

L’intégration d’usines de biogaz joue un rôle vital dans la promotion du développement rural en générant des occasions d’emploi dans divers secteurs, notamment la construction, la gestion opérationnelle et les travaux d’entretien. Cela soutient non seulement les économies locales, mais contribue également à la croissance et à la stabilité des communautés rurales.

De plus, les usines de biogaz agissent comme catalyseurs de l’engagement communautaire, impliquant activement les parties prenantes locales dans des initiatives durables. En favorisant la collaboration et la participation, ces initiatives créent une valeur partagée, encourageant un sentiment d’appartenance et de responsabilité collective parmi les membres de la communauté. Par conséquent, elles contribuent de manière significative à cultiver un paysage agricole plus durable bénéfique tant pour l’environnement que pour les personnes impliquées dans l’écosystème agricole.


Défis et perspectives

Malgré les avantages évidents, des défis persistent pour étendre l’intégration du biogaz dans l’industrie laitière canadienne. Les coûts initiaux d’investissement, les complexités technologiques et les cadres réglementaires posent des obstacles à une adoption généralisée à petite échelle.

Cependant, le soutien continu du gouvernement sous forme de subventions et d’incitations peut accélérer cette transition avec l’aide des développeurs de projets. On peut penser à des obligations de remplacer le gaz naturel fossile par du gaz naturel renouvelable, ainsi qu’au règlement canadien sur les carburants renouvelables. Les collaborations entre les secteurs publics et privés peuvent faciliter le partage des connaissances et des avancées technologiques, rendant les usines de biogaz plus accessibles et rentables pour les éleveurs laitiers.

L’intégration d’usines de biogaz dans la production laitière canadienne marque un changement crucial vers une économie circulaire au sein de l’industrie. En transformant les déchets en ressources précieuses (énergie renouvelable et engrais riche en nutriments), cette innovation favorise la durabilité tout en réduisant l’empreinte environnementale de l’élevage laitier.

Alors que l’élan en faveur de pratiques durables prend de l’ampleur, favoriser une approche holistique impliquant l’innovation technologique, le soutien politique et des efforts collaboratifs sera crucial. Le chemin vers une économie circulaire dans l’élevage laitier témoigne d’un engagement envers la gestion environnementale, la viabilité économique et un avenir plus durable pour le secteur agricole canadien.