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Tenney yevet
Yevet Crandell Tenney is a Christian columnist who loves American values and traditions. She writ...

Dès que l’horloge sonne les 12 coups de minuit, que l’énorme boule descend sur Time Square et que l’année se terminant tire sa référence pour céder sa place à la nouvelle, nous commençons inévitablement à réfléchir à nos résolutions. Cette année sera différente!

Nous allons perdre nos kilos en trop, mettre de l’ordre dans nos affaires et faire plus d’argent. Nous influencerons le monde pour le mieux. Nous développerons nos talents. Nous avons tous des attentes et de grands espoirs pour ce nouveau départ.

Cette année, pourquoi ne pas vous concentrer sur vos relations avec les autres plutôt que sur votre développement personnel? Pourquoi ne pas essayer d’aider quelqu’un à trouver le bonheur auquel vous aspirez vous-même? L’essayiste, philosophe et poète américain Ralph Waldo Emerson a déjà dit : « Le bonheur est un parfum qu’on ne peut pas mettre sur les autres sans en laisser tomber quelques gouttes sur soi. »

C’est merveilleux de rêver de changer le monde dans des endroits lointains, de devenir une mère Teresa ou un Mahatma Gandhi, mais améliorer vos liens avec ceux qui vous entourent est ce qui fera la plus grande différence.

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Parfois, notre relation avec notre conjoint est la plus difficile du fait que nous venons de deux horizons différents et que nos attentes sont aux antipodes. Souvent, nous donnons ce dont nous avons le plus besoin. Le service et l’amour sont ignorés parce que nous ne reconnaissons pas ce que l’autre tente de nous apporter. Nous attendons de recevoir de la même manière que nous partageons. J’attends des fleurs et des cadeaux; il attend d’être apprécié pour les heures qu’il consacre à subvenir aux besoins de la famille. J’attends un « je t’aime » prononcé de sa bouche tandis que lui attend d’être apprécié pour tous les « je t’aime » qu’il manifeste par ses gestes et ses actions. Je parle à toute vitesse pour essayer de résoudre ses problèmes alors que lui me dit : « Ça ira mieux si tu me laisses réfléchir. Je peux me débrouiller tout seul. »

Il essaie d’arrêter mes larmes et de panser mes blessures pendant que ce que moi je veux, c’est ressentir la douleur et pleurer pour pouvoir relâcher la tension que je ressens. J’ai juste besoin d’être câlinée et aimée. De son côté, il me dit de ne plus y penser, que la nuit porte conseil et que ça ira mieux demain matin. Je veux au contraire en discuter parce que le problème ne sera pas résolu si je n’en parle pas et que je ne l’analyse pas.  « Dormir sur un problème » ne fait que l’aggraver. De fait, un traducteur serait le bienvenu pour qu’un don de soi ne passe pas inaperçu lorsque nous tentons de servir et d’aimer.

Au début de notre mariage, mon mari travaillait dans la construction alors que j’étais mère au foyer. Nous formions un bon duo. Quand il était absent de la maison, je faisais le ménage, les courses et la cuisine. À l’époque, nous vivions sans être branchés au réseau électrique et disposions d’une génératrice au diesel pour notre approvisionnement en électricité. Un soir, mon fils et moi avions décidé de regarder un film ensemble. À l’époque où internet n’était encore que le fruit de notre imagination, c’est au club vidéo que nous allions pour louer des films. J’ai dit à mon fils d’allumer la génératrice, ce qu’il a fait. Puis, j’ai allumé le téléviseur. Au bout de trois minutes, il s’est éteint : il n’y avait plus de courant. Je suis donc allée faire mon enquête.

J’ai testé la génératrice. Au bruit continu émis au démarrage, j’en ai déduit qu’elle manquait de carburant. Aucun problème!

J’avais regardé Reg siphonner du diesel plusieurs fois. À quel point peut-il être difficile d’aspirer dans un tuyau? Tout ce qu’il faisait, c’est enfoncer une extrémité du tuyau dans le baril de diesel et l’autre extrémité dans le réservoir; puis, il aspirait dans le tuyau. Le diesel sortait alors en un joli filet doré régulier et remplissait le réservoir. Je me disais que je pourrais faire ça, moi aussi! Du moins, c’est ce que je pensais. Toutefois, le tuyau était bien trop dégoûtant pour que j’y colle ma bouche! Pour m’éviter cela, j’ai donc placé ma main autour de l’extrémité du tuyau avant de commencer à aspirer. Au premier coup, rien ne s’est passé, alors j’ai réessayé. Un petit filet doré est sorti, me recouvrant la main de diesel.

Fière de mon succès, j’ai mis le tuyau dans le réservoir, mais le diesel s’est tout de suite arrêté de couler. Imperturbable, j’ai porté à nouveau la main à mes lèvres. Cette fois, le liquide jaune est entré d’un trait dans ma bouche : c’était horrible! Mais, maintenant que j’avais goûté au diesel, qu’est-ce qui pouvait être pire? J’ai alors mis ma bouche directement sur l’extrémité du tuyau et j’ai aspiré. Le cœur m’a levé dès que le diesel m’a rempli la bouche. J’aurais dû m’arrêter là, mais je suis persistante! J’ai répété la même opération pendant environ une heure, sans succès. M’avouant finalement vaincue, j’ai pris mon bidon d’essence rouge et je suis allée en ville acheter du diesel pour 5 $. J’ai ensuite soulevé l’énorme bidon et en ai versé le contenu dans le réservoir de la génératrice. Mais, malgré mes efforts, celle-ci refusait toujours de fonctionner. Vaincue, je me suis résignée à attendre que Reg rentre à la maison.

Quand je lui ai raconté mon histoire, il s’est moqué de moi, avant de tout de suite s’apercevoir que j’étais offusquée. Il m’a souri en disant : « Je ris seulement parce que j’ai déjà fait la même chose. Un de ces jours, je t’apprendrai à siphonner les réservoirs. À ce moment-là, la possibilité d’apprendre cette manœuvre me laissait froide; par contre, j’ai acquis une toute nouvelle appréciation de sa façon à lui de voir le monde. Il fait tellement de choses que je prends pour acquises, dont changer l’huile de la voiture, réparer les plaquettes de frein et vérifier le moteur pour en assurer le bon fonctionnement. J’ai réalisé que si je voulais pouvoir me plaindre qu’il ne consacre pas assez de temps à faire le ménage dans la maison, pour rééquilibrer les choses, je devrais entrer dans son univers et apprendre à assumer la responsabilité de choses qui ne m’intéressent pas. Je ne veux réparer ni la génératrice ni la voiture, pas plus que je n’ai envie de travailler de longues heures loin de chez moi. Tenir maison, c’est ça ma tasse de thé! Pour bâtir une bonne relation entre conjoints, il faut que chacun sache reconnaître ce que l’autre fait de comparable à soi et à l’apprécier de son point de vue.

Une fois, je m’étais apitoyée parce que Reg ne m’avait pas dit qu’il m’aimait. Dernièrement, je lui ai demandé sans détour : « Est-ce que tu m’aimes? » Il m’a répondu d’un ton moqueur : « Je t’ai dit que je t’aimais quand on s’est mariés; je te tiendrai au courant si jamais ça change! » Ça ne m’a pas offusquée parce que je sais qu’il me taquine, mais au début de notre relation, ce n’était pas comme ça. À l’époque où il construisait notre maison, il travaillait toute la journée à son emploi régulier puis, il rentrait chez nous et posait des briques jusqu’à tard en soirée. Il ne voulait pas m’entendre parler à n’en plus finir de ce qui n’allait pas pendant la journée et cela m’insultait. Un soir, il m’a donné un aperçu de sa façon de penser. Il m’a dit : « Regarde ces briques. Chacune d’elles te dit : “Je t’aime.” Je ne suis pas doué avec les mots. C’est avec mes mains que je te le démontre! » Je suis repartie, à la fois penaude et fière. Ce mur comptait des centaines de briques! Si chacune de ces briques était une manifestation d’amour, force est d’admettre que j’étais l’épouse la plus aimée au monde. Je me sentais honteuse de ne pas avoir su reconnaître qu’il avait sa manière à lui de me dire qu’il m’aimait.

Je sais que les temps ont changé et que la frontière est floue entre les métiers des hommes et ceux des femmes, mais le principe est toujours le même. Il est important de passer du temps à réfléchir à la façon dont votre partenaire de vie se sent apprécié et d’envoyer des messages d’amour dans sa direction.

Parfois, nous nous attendons à ce qu’il ou elle devine ce dont nous avons besoin, mais il n’y a rien de mal à lui faire part de nos attentes. C’est correct de demander ce dont vous avez besoin. C’est bien de dire : « Chéri, veux-tu t’occuper du bébé pendant que je débarrasse la table? » au lieu de fulminer en lui enlevant le bébé des bras en pensant : « Mais quel paresseux! Il ne m’aide jamais. » Peut-être n’a-t-il simplement pas pensé à vous aider. Il est facile de porter des jugements et d’agir selon nos propres hypothèses; il est beaucoup plus difficile d’essayer de comprendre du point de vue de l’autre.

Ce matin, alors que mon mari essuyait les cadres de porte de la salle de bain, il m’a dit : « Ça avait besoin d’être fait, alors je l’ai fait! » À sa manière, il me faisait savoir qu’il avait pris la responsabilité du cadre de porte sale et qu’il ne s’attendait pas à ce que je fasse le ménage même si j’estimais que c’était mon travail. Il a remarqué le problème et était prêt à le résoudre car c’est sa façon de dire : « Je t’aime! »

À l’approche de la nouvelle année, je vous invite à consacrer une bonne dose d’effort à établir des relations humaines solides et durables. Que ce soit l’occasion d’apporter dans la vie des personnes qui vous entourent le bonheur auquel vous aspirez. 

Yevet Crandell Tenney est une éditorialiste chrétienne qui aime les valeurs et les traditions américaines. Elle écrit sur la foi, la famille et la liberté.