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Tenney yevet
Yevet Crandell Tenney is a Christian columnist who loves American values and traditions. She writ...

Aujourd’hui, j’ai certes atteint un âge avancé où mes histoires ressemblent à de pénibles randonnées dans la neige jusqu’aux genoux dans un sentier qui monte sans arrêt, mais la vie d’autrefois, ça, c’était vraiment dur!

Récemment, j’ai enregistré des histoires, dactylographié des journaux intimes et transcrit d’anciennes vidéos et bandes audio familiales. Je suis ravie d’avoir un programme informatique qui effectue le travail à ma place. Pour les journaux intimes, je lis simplement les mots et l’ordinateur les réécrit de façon incroyablement rapide et précise. Je me souviens quand je tapais sur une machine à écrire. C’était fastidieux et malheur à vous si vous faisiez une erreur! Il fallait alors recommencer. Je n’ai jamais pu taper une page sans erreur. En tant qu’auteure et dramaturge en herbe, je devais toujours demander à quelqu’un d’autre de rédiger la version finale, car ne pas faire d’erreurs était pour moi hors de portée.

La technologie moderne permet à l’ordinateur de transcrire les informations vidéo en texte avec précision. Dieu merci pour cela. Rassemblant des histoires depuis des années, je redoutais le jour où je devrais écouter et taper les informations pour la postérité. C’était auparavant un processus fastidieux : écouter l’enregistrement, puis éteindre l’enregistreur, taper, le rallumer, rembobiner, réécouter pour valider l’exactitude de la transcription, corriger puis passer à la section suivante.

Il est étonnant de voir à quel point les temps ont changé et la technologie a rendu nos vies si faciles. Mes enfants m’ont acheté un robot aspirateur pour Noël. J’ai souri en me souvenant de mon enfance et de mon adolescence lorsque je nettoyais le sol à la manière de Cendrillon, à genoux avec une casserole d’eau et une brosse à récurer. Je me souviens de mes ongles cassés et de mes mains gercées par l’eau savonneuse, mais j’étais contente d’avoir une brosse à récurer et du linoléum. Ma grand-mère, elle, avait un sol en terre battue qu’elle balayait et humidifiait avec de l’eau pour le garder dur.

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À l’époque, ma première expérience de lessive, je l’ai vécue avec une laveuse essoreuse et une immense cuve pour le rinçage. Il me fallait vraiment être prudente et attentive avec les rouleaux de la laveuse. Quand j’étais petite, ma sœur me portait sur sa hanche pendant qu’elle faisait la lessive. Un jour, j’ai mis ma main dans l’essoreuse. Les rouleaux m’ont écrasé la main et l’avant-bras jusqu’au coude. Ma sœur, qui ne savait pas comment me libérer les rouleaux, avait alors fait rouler ces derniers en sens inverse – sur ma main! Heureusement, j’étais jeune et ma main a guéri rapidement. Les visites chez le médecin ou à l’urgence étaient réservées aux affections graves. Pour tous les autres bobos, nous les traitions sans l’aide du médecin. Maman n’avait même pas d’essoreuse. Elle faisait bouillir ses vêtements dans une bassine d’eau au-dessus du feu. Elle utilisait une planche à laver qui vous arrachait les jointures si vous ne faisiez pas attention. Dans les premières années de son mariage, elle lavait les vêtements d’un groupe de jeunes hommes dans un centre de réhabilitation pour garçons. Elle passait littéralement des heures à laver, à faire sécher et à repasser les chemises blanches de ces jeunes afin de gagner de l’argent pour payer sa petite maison alors que mon père était dans l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale. Son sèche-linge automatique et écologique était une corde à linge qui dépendait de l’énergie solaire et éolienne.

Quand j’étais jeune, tout devait être repassé avec un fer électrique : les draps, les taies d’oreiller, les pantalons, les chemises de même que les robes. Les plis et les trous dans les vêtements étaient une honte. Il n’était pas question d’être vu en public dans une telle tenue! C’était à l’âge des ténèbres, avant l’avènement du polyester et du pressage permanent! Pour empeser les vêtements et leur redonner un look d’élégance, ma mère utilisait un fer à repasser en métal qui était particulièrement lourd et qu’elle faisait chauffer sur le poêle à bois. Je ne peux pas m’imaginer repassant 100 chemises par semaine pour gagner de l’argent; je m’émerveille devant l’endurance dont elle faisait preuve déjà à une époque où elle n’avait que 16 ans.

Voir à l’alimentation de la famille était aussi tout un défi! Nous cultivions un immense jardin – vraiment immense! Nos étés étaient consacrés à désherber des rangs de haricots pinto qui s’étendaient sur 800 mètres. Nous nous levions à quatre heures du matin pour éviter la chaleur du jour et travaillions dehors jusqu’à 10 heures du matin. Nous nous mettions à genoux pour désherber les rangs de maïs, de carottes, de betteraves, de courges et d’oignons. Au moment des récoltes, nous passions nos journées à mettre en conserve tous les fruits et légumes à notre disposition. Nous savions fort bien que le supermarché n’était pas une option, le plus près se trouvant à 50 km de route sur un chemin de terre.

Notre lave-vaisselle, c’était tout le monde qui mettait la main à la pâte! Chaque membre de la famille remplissait à tour de rôle deux éviers d’eau. L’un était destiné au lavage, l’autre au rinçage. Nous avions un égouttoir, mais la plupart du temps nous essuyions la vaisselle à la main et la rangions dans l’armoire. Et ce, trois repas par jour, tous les jours!

Nous nous imaginions être au septième ciel, vivant de haricots, de pain chaud, de ragoûts et de fruits en conserve. Bien entendu, nous mangions beaucoup de viande étant donné que, chaque année, nous abattions un bœuf, quelques cochons ainsi que des poulets. Nous mettions en conserve une grande partie de la viande et les jambons, eux, étaient mis en saumure. Nous avions aussi un congélateur tandis qu’à son époque, ma grand-mère, elle, ne disposait que d’une glacière. La glace était prélevée dans des étangs après le premier gel pour être ensuite conservée dans la glacière. Elle pouvait durer tout l’hiver et même une partie de l’été suivant. Nous étions quant à nous mieux équipés que grand-maman. Nous, nous avions le vieux congélateur qu’il fallait néanmoins dégivrer : une tâche qui nous incombait et qui prenait toute la journée, bien avant l’apparition des systèmes de dégivrage automatique! Oh… et le nettoyage du four! C’était toute une corvée avec la brosse et le nettoyant pour le four qui empestait. Nous n’avions pas de gants en caoutchouc, raison pour laquelle nos mains avaient la douceur du papier sablé. Sèches, gercées et crevassées, elles étaient le témoin de ce dur labeur!

Ce que je vous raconte peut vous sembler vraiment pénible, mais je vous assure que je n’exagère pas. Cela dit, nous vivions avec beaucoup moins et, pourtant, nous nous portions tellement mieux. Quand le Seigneur a dit : « Tu travailleras six jours » (Exode 20 : 9), ce n’était pas une plaisanterie! Il attend de Ses enfants qu’ils travaillent et gagnent leur pain à la sueur de leur front. Et c’est bien ce que nous faisions. Nous avons appris que les joies et les bénédictions de la force, de l’endurance et de l’autonomie étaient dissimulées dans notre environnement de travail. À l’accomplissement d’une tâche difficile, nous éprouvions chaque fois un incroyable sentiment de satisfaction.

Voudrais-je revenir au bon vieux temps? Bien sûr que non, surtout en ce qui concerne ma vieille machine à écrire. J’adore mon ordinateur et la facilité qu’il m’offre, mais je me demande si nous ne nous trompons pas nous-mêmes ainsi que nos enfants en ne leur apprenant pas à travailler.

Quand j’étais à l’université, j’ai eu un jour une conversation avec un jeune philosophe. Il m’a demandé : « En quoi pense-tu que nous sommes différents de l’homme des cavernes? » Je trouvais sa question stupide. Tout le monde peut voir que nous sommes infiniment plus avancés que ne l’étaient les humains à l’époque des cavernes. J’ai pensé aux ordinateurs, aux voitures, aux maisons, à l’électricité, à l’eau courante, au feu et à une foule d’autres innovations. Lorsque je lui ai répondu, il a répliqué : « Sais-tu comment fabriquer une voiture ou un ordinateur? Sais-tu comment survivre sans ton supermarché? » J’ai alors compris le sens de notre conversation. Quiconque n’est pas instruit et autonome ne vaut guère mieux que l’homme des cavernes. Devant quoi nous retrouverions-nous si disparaissaient les gadgets de la technologie moderne?

C’est encore pire aujourd’hui qu’à l’époque où j’étais à l’université. L’intelligence artificielle (IA) et les robots remplacent la créativité et les formes d’art. Les avantages de l’IA sont phénoménaux, mais lorsque vous pouvez demander à un ordinateur de rédiger votre dissertation ou de créer des illustrations pour votre roman, voire d’en écrire l’intrigue à votre place, je me demande ce que l’avenir nous réserve.

À quel moment sommes-nous trop dépendants de l’expertise des autres au risque d’abandonner les bases et de revenir à l’homme des cavernes? Face à notre dépendance, allons-nous perdre notre ingéniosité et notre créativité? Combien de temps pourrions-nous vivre sans les commodités auxquelles nous sommes tous habitués? Je sais comment laver la vaisselle dans une casserole placée sur le feu, mais mes petits-enfants en savent-ils autant? Ils savent uniquement la laver dans un évier rempli d’eau chaude savonneuse. Et qu’en est-il de mes voisins qui, eux, ont des lave-vaisselle. Je sais comment faire le ménage à la manière de Cendrillon, mais mes petits-enfants en sont-ils capables? Je sais comment cultiver un potager, mais pas avec le même rendement que parvenait à obtenir ma mère. Grâce son expérience, elle avait le pouce beaucoup plus vert que moi!

Quand je songe à mon enfance, je suis heureuse d’avoir appris à travailler dur, heureuse d’avoir eu à monter des côtes en marchant avec de la neige jusqu’aux genoux. Mais, je demeure tout de même infiniment reconnaissante pour la technologie qui me facilite la vie au quotidien.

Yevet Crandell Tenney est une éditorialiste chrétienne qui aime les valeurs et les traditions américaines. Elle écrit sur la foi, la famille et la liberté.