Quand on réfléchit seul à un problème, on peut rapidement se mettre à tourner en rond, tellement que la réflexion peut parfois devenir de la rumination. Quand le problème est plus technique (p. ex. un souci mécanique, un animal malade, etc.), l’utilisation de ressources externes est souvent la clé pour le résoudre. Quand la batteuse est arrêtée au milieu du champ, on peut tenter soi-même une première solution, mais, rapidement, le mécanicien pourrait être appelé en renfort. Au niveau des problématiques humaines, le réflexe devrait être le même! Ce n’est pas différent des problèmes techniques. Pourtant, il y a encore de nombreuses barrières à la demande d’aide en situations difficiles au niveau humain, autant sur le plan individuel qu’au niveau des équipes de travail. Attaquons-nous à quelques mythes persistants qui peuvent contribuer à l’hésitation à demander de l’aide psychologique.

Cossette emylie
Psychologue Agricole / Conseillere en Relations Humaines et Transfert D'entreprise / Groupe ProConseil
Durand jean christophe
Psychologue Agricole / Conseiller en Relations Humaines / Transfert D’entreprise / le Groupe ProConseil

Mythe 1 : Les gens qui consultent un psychologue sont des fous ou des faibles 

Regardons ce mythe sous un autre angle : est-ce que seuls les gens avec une mauvaise hygiène dentaire consultent un dentiste? Est-ce que seuls les mourants consultent un médecin? Est-ce qu’une personne qui va porter son auto au garage est faible? Évidemment que la réponse à ces questions est non. Bien au contraire. Un psychologue est comme n’importe quel professionnel qu’on consulte pour favoriser une bonne santé ou qu’on va voir dans un moment où l’on vit des difficultés. Reconnaître qu’une situation dépasse nos capacités, comme quand on prend le téléphone pour appeler le vétérinaire devant un animal malade, n’est ni faible ou fou, c’est intelligent.

Mythe 2 : Seules les femmes ou les jeunes consultent un psychologue

Tout le monde peut consulter un psychologue, peu importe le sexe, l’âge, le métier, etc. Hommes et femmes ont des émotions, des besoins physiques et des besoins émotifs. En ce sens, autant pour l’un que pour l’autre, il arrive des situations qui ne répondent pas aux besoins et où des émotions plus désagréables sont vécues. Quand on s’intéresse au métier des gens qui consultent, on retrouve de tout : des médecins, des électriciens, des agronomes, des enseignants, des mécaniciens… Quant au groupe d’âge, il existe d’ailleurs des psychologues spécialisés pour les enfants ou les adolescents, pour les adultes et pour les personnes âgées puisque ces clientèles ont chacune des besoins et des réalités qui leur sont particuliers. 

En bref, malgré toutes les différences qui peuvent exister entre les personnes, le fait d’avoir des émotions et de réagir à nos environnements est normal et universel. 

Mythe 3 : Parler à un psychologue revient au même que de parler à un ami, à un proche ou à un coach de vie

Parler à un psychologue ou parler à un proche sont deux choses différentes qui répondent à des besoins différents. Souvent, les proches vont réagir plus vivement devant la tristesse ou la peur d’une personne à qui ils tiennent fortement. C’est normal et ça peut aider à se sentir soutenu comme ça peut parfois nous faire sentir inconfortable. Le psychologue, de son côté, est une personne à l’aise avec toute les gammes d’émotions et qui a une certaine objectivité. Lui parler peut aider à vivre complètement son émotion et à prendre une distance. De plus, le psychologue est une personne qui a une formation reconnue et qui est en mesure de mettre les besoins de son client au centre du moment pris ensemble. Disposer de cette espace peut faire un grand bien puisqu’on peut pleurer, rire, réfléchir et raconter des événements sans être jugé et sans avoir peur que l’autre soit affecté négativement par ce qu’on lui raconte.

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Mythe 4 : Quand on consulte un psychologue, il faut avoir de la facilité à parler beaucoup puisqu’on est couché sur un divan et le psychologue ne dit pas grand-chose

Ce type d’approche a effectivement déjà été populaire il y a longtemps et c’est probablement pour cela qu’on la voit encore dans les films ou les séries. Par contre, de nos jours et depuis plusieurs années, la grande majorité des psychologues travaillent autrement. Généralement, le client arrive avec un thème large (p. ex. le transfert de la ferme), avec une situation plus précise (p. ex. un conflit avec un proche survenu il y a quelques jours) ou avec des sentiments désagréables (p. ex. anxiété ou déprime) qu’il présente au psychologue. Le psychologue peut réagir, poser des questions, apporter des nuances, soulever des hypothèses, vous dire ce qu’il en pense, reformuler ce qu’il comprend, nommer des émotions qu’il voit, être rassurant ou parfois même un peu confrontant, etc. 

Quand le psychologue sent que son client garde le silence pour réfléchir ou parce qu’il vit une émotion, il peut ne rien dire pendant un moment. Si, au contraire, il sent que le client ne parle plus parce qu’il a terminé son idée et qu’il ne sait plus quoi dire, il peut renchérir avec une question ou une affirmation pour continuer la discussion. En ce sens, même quelqu’un de nature plus réservée, qui a de la difficulté à s’exprimer ou qui aime être bref dans ses explications peut avoir sa place avec un psychologue. Il est aussi à noter qu’il y a des variations entre les différents psychologues selon leur approche et leur personnalité. C’est d’ailleurs important que vous trouviez une personne envers qui vous sentez que ça « clic » et envers qui vous avez confiance.

Mythe 5 : Pour consulter un psychologue, il faut être au bout du rouleau, complètement épuisé ou très mal en point

En effet, quand on se sent au bout du rouleau ou complètement épuisé, il peut être aidant d’aller consulter. Il peut aussi être très bénéfique d’aller consulter en prévention, afin d’éviter d’en arriver là. Par exemple, il arrive que la relation avec un proche se mette à nous causer des soucis, des questionnements ou des désagréments. Les questionnements personnels peuvent aussi devenir dérangeants ou inconfortables à la longue. 

Il arrive aussi qu’on se mette à vivre plus souvent du stress, de la colère ou de la tristesse alors que notre routine semble rester la même. Quand on consulte un psychologue, toutes sortes de situations peuvent être abordées, même si elles ne semblent pas très graves ou très urgentes. Même que, quand on consulte pour une situation mineure, on peut avoir besoin de moins de rencontres pour se sentir mieux. Un psychologue ne vous dira pas que votre situation n’est pas importante ou que c’est ridicule de vous en faire pour telle chose. Toutes les préoccupations sont valides et importantes et chaque personne mérite d’être bien et donc, de recevoir l’aide dont elle nécessite pour retrouver ou maintenir son bien-être.