Durant la dernière décennie, la tendance est allée vers l’inclusion de la paille dans les programmes alimentaires comme stratégie pour aider à la gestion de la densité énergétique, à remplir le rumen, ralentir la vitesse de passage des aliments ou augmenter le niveau de fibre efficace dans l’optique d’améliorer la rumination.

Larochelle florence
Conseiller en alimentation laitière

Le foin sec, ce grand oublié, fait un retour dans nos rations. Non seulement pour nos veaux et nos taures, mais également pour nos vaches taries, nos vaches en transition et nos vaches en lactation.

Nous pouvons tous s’entendre pour dire que produire du foin sec de qualité est un processus exigeant en termes de ressources et demande souvent de l’adaptation selon les conditions météorologiques. Par conséquent, ce n’est pas surprenant que plusieurs aient choisis de travailler avec la paille. Toutefois, nous vous proposons de revisiter vos rations et d’évaluer si le foin sec aurait sa place comme source alternative de fourrage.

Comprendre les valeurs

Les types de foins secs les plus communs dans les rations sont les mélanges de foin à base de graminées (mil/fléole des prés, dactyle, alpiste roseau, brome, pâturin ou fétuques) ou les mélanges à base de légumineuses (trèfles ou luzernes) et graminées. Certains producteurs font le choix de travailler avec des foins secs de légumineuses. Cette décision vient avec son lot de défis supplémentaires, notamment le maintien de l’intégrité de la plante lors de la coupe, du pressage et de l'alimentation.

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Le Tableau 1 compare les moyennes des valeur nutritives de la paille de blé et de différents mélanges de foin sec. On y indique clairement un niveau plus élevé de fibre pour la paille comparativement aux autres catégories. La fibre détergente acide (ADF) est un indicateur de digestibilité et d’énergie provenant du fourrage, alors que la fibre détergente neutre (NDF) est un indicateur de consommation volontaire potentielle. Ultimement, des niveaux élevés d’ADF et de NDF résultent en une diminution de la consommation énergétique et de la digestibilité des aliments. La digestibilité 30 heures de la NDF (NDFD30) prédit la quantité spécifique du fourrage qui devrait avoir quitté le rumen 30 heures après son ingestion. Mais attention, dépendamment de votre ration, vous pourriez avoir besoin d’un fourrage qui ralentira la vitesse de passage des aliments au rumen.

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Dans une ration qui bénéficierait d’une source de fibre supplémentaire, en considérant la vitesse de passage et l’introduction de protéine additionnelle, il pourrait être avantageux de considérer un foin qui amènerait de deux à trois fois plus de protéine que la paille.

Dans le même ordre d’idée que pour la protéine, l’ajout de sucre à la ration entraîne des coûts additionnels. Les vaches taries et les vaches en lait bénéficient d’une ration contenante entre 3 % et 7 % de sucre. La teneur en sucre d’un échantillon de foin sec peut varier fortement selon le moment de la récolte et le processus de respiration durant le séchage. Toutefois, il est estimé que de donner du foin sec contribue à amener de trois à quatre fois plus de sucre que donner de la paille. Avec des niveaux élevés de protéine soluble (protéine rapidement disponible au rumen) dans nos rations cette année, il est avantageux de travailler avec des niveaux plus élevés d’hydrates de carbone rapidement disponibles (sucre).

Nous souhaitions également parler du côté minéral, spécifiquement du calcium (Ca) et du potassium (K) des différentes sources de fourrages. Sans surprise, les foins de légumineuses contiennent les plus hauts niveaux de calcium et potassium, alors que la paille contient les niveaux les plus bas. La concentration en minéraux des fourrages aura nécessairement un impact sur la santé de l’animal. Par exemple, le succès d’un programme de transition est lié à la santé métabolique et la prévention de maladies telles que l’hypocalcémie clinique (fièvre de lait). Par conséquent, que vous soigniez, par exemple, une ration à faible teneur en anion-cation (DACA) avec un niveau élevé de calcium, ou une stratégie avec de bas niveaux de calcium pour vos vaches en préparations au vêlage, il est bénéfique de travailler avec des fourrages bas en potassium. La concentration du potassium peut être confirmée par un échantillonnage représentatif et une analyse en chimie humide.

Y a-t-il une place pour le foin sec dans nos rations – qu’est-ce que les recherches nous disent?

Dans l’industrie laitière d’aujourd’hui, il n’est plus rare de croiser des producteurs qui travaillent avec la paille. Normalement, nous utilisons la paille dans les rations pour vaches en lait et la ration des veaux pour augmenter la fibre efficace, diminuer la vitesse de passage et ajouter un facteur « piquant » au rumen. Toutefois, pour les vaches taries et les taures, nous l’utilisons souvent dans l’objectif de diluer l’énergie des rations et ralentir la vitesse de passage.

Les fourrages peuvent parfois causer des variations nutritionnelles. Le foin, particulièrement les mélanges, sont plus variables à même un champ comparativement à la paille, cela est due à la variation des différentes populations selon les zones du champ. Par conséquent, que vous optiez pour la paille ou le foin, il est recommandé d’utiliser le même lot tout au long de l’année pour limiter les variations. Bien entendu, il faudra gérer l’inventaire et l’entreposage en fonction.

Si vous hésitez entre travailler avec du foin sec plutôt que de la paille pour vos vaches taries, un groupe de recherche basé aux États-Unis a comparé l’effet des rations formulées avec de la paille de blé ou du foin sec de graminées sur les performances des vaches fraîches. Ils ont trouvé que les vaches fraîches consommaient la même quantité de matière sèche dans chacun des groupes. Les vaches qui consommaient de la paille avaient tendance à produire plus de lait et avaient une moins haute concentration sanguine d’acides gras non-estérifiés (AGNE) comparativement aux vaches qui consommaient du foin de graminées.